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Page:Gautier - La Question des serpentins, paru dans La Science Française, 22 mai 1896.djvu/8

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anémiques sont condamnées à languir au sein d’un indescriptible compost, imprégné plus que de raison de carbures d’hydrogène, de virus et d’acides variés !

L’édilité parisienne a fini par comprendre qu’il y avait là quelque chose de déshonorant pour la cité dont elle a la toilette à sa charge. Aussi, dès le lendemain des saturnales, elle mobilise une armée de travailleurs munis d’échelles, de crochets et de serpes, avec la mission de peigner les arbres et les maisons, d’arracher les serpentins et de les balayer, pêle-mêle avec l’entassement des confettis qui veloute le pavé des grandes voies d’une mouvante haute lisse de plusieurs centimètres d’épaisseur, à l’égout, puis à la rivière. Cela ne va pas — comme bien on pense — sans quelques dégâts ni quelques mutilations. Les serpentins tiennent bon, en effet : quand on tire dessus