Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/137

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en fleur, d’autres se promenant lentement, les regards fixés à terre ou levant la tête vers ce que l’on voit de ciel à travers les constellations de fleurs blanches ou roses. Quelques indolentes s’étendent sur le gazon et ferment les yeux.

Les couleurs fraîches et joyeuses des costumes éclatent gaiement sur la verdure et ajoutent un charme de plus au paysage.

Bientôt tous les poètes sont rappelés. Le temps accordé à la conception du quatrain est passé. On se réunit, on s’assied sur le gazon. Des serviteurs apportent un grand bassin de bronze sur les flancs duquel se tordent des dragons sculptés, au milieu de branchages fantastiques. Ce bassin est plein d’éventails blancs, illustrés seulement d’une légère esquisse à un de leurs angles. C’est une touffe d’iris, quelques minces roseaux, une cabane près d’un lac vers lequel se penche un saule ébourriffé, un oiseau serrant entre ses griffes une branche d’amandier en fleur.

Chaque concurrent prend un de ces éventails sur lequel on doit écrire la pièce de vers. On apporte aussi des pinceaux et de l’encre délayée. Bientôt les noirs caractères s’alignent en quatre rangées verticales sur la blancheur des éventails ; les poèmes sont terminés. Chaque poète lit le sien à haute voix.

C’est la princesse Iza-Farou qui commence :

LES PREMIÈRES FLEURS


« Qu’il est fugitif dans la vie, l’instant,

« Où l’on a que des joies, des espérances et pas de regrets !

« Au printemps, quel est le moment le plus délicieux ?