Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bruit de ce galop furieux et les passants se rejettent sur les côtés de la route que bordent çà et là des habitations construites en bois de hêtre.

Le cavalier passe si vite que, malgré leurs efforts, les curieux ne peuvent distinguer son visage.

— C’est un guerrier, dit quelqu’un, j’ai vu luire ses armes.

— Ce n’était pas bien difficile à voir, dit un autre, chaque mouvement qu’il fait jette des éclairs.

— C’est un guerrier d’un grade élevé, j’ai aperçu, moi, les lanières d’or de son fouet de commandement.

— Est-ce un général ?

— Demande à l’hirondelle qui passe d’aller voir si les cornes de cuivre brillent sur son casque. Elle seule est capable de rattraper ce cavalier.

Lorsqu’il atteignit Kioto, le jeune guerrier ne ralentit pas sa course, il traversa la ville au grand galop et entra au palais, il demanda les envoyés du siogoun.

— Ils sont à la résidence d’été, lui répondit-on, ou plutôt ils n’y sont pas. Ils accompagnent notre divine Kisaki à la chasse ; depuis le lever du soleil ils sont partis.

— De quel côté a lieu la chasse ?

— Sur les rives du lac de Biva, au pied des montagnes, répondit le valet ; mais seigneur, voudrais-tu rejoindre les illustres chasseurs ?

— Fais-moi donner un cheval, dit froidement le jeune homme sans répondre à l’interrogation.

Il mit pied à terre en même temps, et le serviteur emmena la monture harassée. Bientôt, deux palefreniers amenèrent un autre cheval tout harnaché et plein d’ardeur.