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le collier des jours

après l’expulsion, et avaient fondé un séminaire renommé, dont ils furent chassés, définitivement, en 1830.

Que de pensées, en effet, avaient saturé cet air ! Que de volontés inflexibles ! de luttes secrètes, dans des âmes douloureusement domptées !…

L’impression, pour moi, commençait vers le milieu de la Grande-Rue, avant de déboucher sur l’avenue, plantée de vieux arbres, qui passe devant l’église et aboutissait au parc de Montrouge… Je traînais toujours en arrière, m’attardant à regarder, je ne sais quoi. Dans l’avenue même, le sentiment se modifiait. J’avais l’idée de quelque chose de brillant et de joyeux et tout mon désir se tendait vers le parc. Il m’inspirait, lui, un attendrissement sentimental des plus étranges ; mais en cela j’étais influencée par des bribes d’une romance que les tantes fredonnaient :


Au fond du parc, un inconnu
Vint un instant charmer mes yeux.

. . . . . . . . . . . . .


Hélas ! il a fui comme une ombre
En me disant je reviendrai !


L’idée qu’elle l’attendait toujours et qu’il n’était pas revenu, m’emplissait de chagrin, et je m’arrêtais, avec un gros soupir, devant l’im-