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XXXII




Une solennité se préparait, dont je ne me doutais guère, et cependant j’en étais une des héroïnes : on allait, ma sœur et moi, nous baptiser… Pourquoi si tard ? Ce n’était certes pas à cause d’opinions antireligieuses, aussi peu vraisemblables dans la famille italienne et pieuse de ma mère, que dans la famille Gautier, ardemment légitimiste et fidèle autant à l’autel qu’au trône. Peut-être était-ce simplement un oubli ; l’on n’avait pas trouvé le temps ; ou bien pour choisir des parrains et des marraines dignes de cette haute mission, ne s’était-on pas pressé.

Une des tantes me conduisit donc, un beau jour, rue Rougemont, et m’y laissa.

Quelque chose m’occupa tout de suite, ce fut la découverte que je fis de ma sœur, Estelle. On ne m’avait jamais parlé d’elle, pas plus qu’on ne me parlait de ma mère, et je ne savais pas que