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le collier des jours

j’avais une sœur. Elle ne s’en doutait probablement pas plus que moi et me regardait d’un air extrêmement surpris. Elle était pâlotte, avec des yeux noirs à longs cils et un petit toupet de cheveux noué par un ruban.

La connaissance fut vite faite, et ma sœur, me tenant par la main, me fit visiter l’appartement.

Je le connaissais d’ailleurs. Je n’avais pas oublié l’antichambre noire où j’avais tant pleuré, ni la salle à manger au plafond bas, dans laquelle avait eu lieu ma première entrevue avec mon père, ni le salon, ni les grosses roses de son tapis, rouges sur rouge. Je regardais la cheminée, où brillaient des cuivres, et je me souvins d’une visite d’hiver avec « la Chérie » pendant laquelle trépignant et criant, j’avais voulu à toute force m’asseoir dans le feu.

Le balcon si étroit, me parut affreux, et j’avais le vertige de voir les pavés en bas à une telle distance. Mais ma sœur m’indiqua une manière de courir tout le long en sautillant et je voulus bien condescendre à cette galopade restreinte.

On nous rappela à l’intérieur, pour essayer des robes blanches, que la couturière venait d’apporter. Il y avait des broderies, des jours, des rubans ; cela me parut très joli.

Ma mère était là, en grande toilette, assise