Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
le collier des jours

criais pas, je ne souffrais d’ailleurs nullement, je riais même, devant la drôle de grimace que faisait la petite figure pâlotte de ma sœur, prête de pleurer. Je lui fis remarquer comme c’était amusant, au contraire, cette petite fontaine rouge qui jaillissait.

Une des bonnes se souvint que les toiles d’araignées arrêtaient le sang et s’en alla fureter dans les coins sales, qu’elle connaissait, certainement mieux que personne. Elle revint avec toutes sortes de détritus poussiéreux dont elle tamponna la coupure qu’elle comprima ensuite avec une serviette repliée. Mais rapidement la serviette devenait rouge et la soirée parut longue, avant la rentrée des maîtres.

Mon père ressortit tout de suite, pour aller réveiller le docteur Aussandon et le ramener en voiture ; tandis que ma mère, en grondant l’absurde bonne, nettoyait la blessure, de toutes les saletés qui y étaient accumulées.

Il s’en fallait de l’épaisseur d’un cheveu qu’une artère ne fût coupée… Une veine de la saignée était tranchée et le pansement fut long. Je tombais de sommeil et je m’endormis sans en voir la fin.

Le lendemain, pendant qu’on m’habillait pour le baptême, la blessure se rouvrit et envoya un jet de sang sur la robe blanche. Il fallut, en