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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/133

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le collier des jours

toute hâte, effacer ce baptême sanglant et sécher la robe avec des fers chauds.

Bientôt les invités arrivèrent et on me présenta à mon parrain, Maxime du Camp. Je n’avais pas encore lu le Faust de Gœthe, sans cela il est certain que je l’aurais pris pour Méphisto : grand, très maigre, le teint brun, les traits fins, la mince barbe effilée en pointe, il avait le regard aigu, la bouche narquoise et dédaigneuse, Il fut charmant pour sa filleule et s’apitoya beaucoup sur ce bras, que l’on était en train de serrer dans une bande de taffetas noir.

Le parrain de ma sœur était Louis de Cormenin. Quoique de stature assez semblable, il était très différent de Maxime du Camp. Mon père a tracé son portrait « Grand, mince, sa tête avait une physionomie arabe qu’il se plaisait à faire remarquer et ressortir parfois, en l’encapuchonnant d’un burnous en temps de bal masqué. Il avait le nez légèrement aquilin, les lèvres fortes et des yeux vert de mer d’une couleur étrange et charmante ; une barbe brune assez fournie encadrait son visage, dont la bonté était éveillée par une ironie spirituelle. »

Je n’ai gardé qu’un souvenir assez confus, des commères en grande toilette, qui causaient et riaient avec leurs compères. D’ailleurs, ma vraie marraine n’était pas là, elle était re-