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le collier des jours

disait-elle, et jeta dans mon tablier, des pralines, des macarons, des croquignoles…

— Quand tu en voudras d’autres, tu viendras me voir.

Il fallut bien dire : merci. Si c’était cela le couvent, ça n’était pas si terrible.

Sœur Sainte-Madeleine me promena toute la matinée à travers le couvent, au dortoir, à la lingerie, à la cuisine, à la chapelle, me distrayant de force, par la vue de tant de choses nouvelles ; elle me fit monter à l’orgue et rester à côté d’elle, tandis qu’elle accompagnait des voix, qui chantaient en bas, dans le chœur.

Quand la cloche du déjeuner tinta, elle me conduisit au réfectoire, où à de vilaines tables longues, couvertes de toiles cirées noires, une cinquantaine de fillettes, d’âges divers, mangeaient en silence. On me mit à une table à part, mais je ne goûtais qu’avec répugnance à ces mets fadasses et communs, et je ne voulus pas boire dans la timbale, où l’abondance, pourtant claire, me paraissait se changer en encre.

C’est sur la récréation que l’on comptait le plus pour m’apprivoiser. Je fus laissée dans la cour, au milieu de toutes les élèves lâchées, qui sautaient et couraient, en poussant des cris aigus.