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manche, aux offices, je n’étais occupée qu’à tâcher de voir dans l’église publique et à communiquer mes réflexions à Catherine, qui n’osait pas rire et tremblait toujours de mes audaces.

On faisait cependant, pour l’édification des petites, un catéchisme spécial, qui avait lieu les jeudis. À cet effet, des bancs étaient rangés dans le chœur des religieuses et cela nous amusait d’être en ce lieu sacré, si sévèrement interdit d’ordinaire.

Le prêtre, en surplis blanc, s’asseyait contre le grillage, dans l’église publique, il nous apparaissait par le carré ouvert ; sa tête, et ses bras gesticulant, débordant de notre côté.

Il ne me semble pas que ce vieil abbé, jovial et rieur, prenait sa mission très au sérieux ; il nous racontait des histoires, le plus souvent comiques, et je n’ai retenu, de son enseignement, qu’une seule recommandation et des plus extraordinaires, faite surtout à des petites filles de huit à dix ans :

« Lorsque l’on joue une partie de dames avec une dame, nous dit-il un jour, il faut toujours lui laisser prendre les pions noirs, parce qu’ils font ressortir la blancheur de ses mains ».

Depuis lors, je me suis religieusement con-