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le collier des jours

— Un héros ?… Qu’est-ce qu’il a fait ?

— Pendant la Révolution…

— Laisse-la donc tranquille ! s’écria le grand-père, en s’éveillant, est-ce qu’elle sait ce que c’est que la Révolution ? Elle n’en est encore qu’aux rois fainéants.

— Si, si, je veux savoir ce qu’a fait grand-père !…

— Pendant la Révolution, reprit tante Zoé…, la Révolution c’est des bandits qui coupaient la tête à tout le monde.

— Surtout aux nobles et aux prêtres, ajouta tante Lili.

— Sans compter les rois et les reines… enfin tu sauras cela plus tard… ton grand-père qui était ami des nobles et noble lui-même, fut arrêté pour cela, et enfermé, avec beaucoup d’autres, dans une prison d’Avignon, où ils attendaient tous qu’on vienne les chercher pour leur couper le cou. Il y avait des prêtres et beaucoup des plus importants châtelains du pays. Papa, qui était alors un tout jeune homme, eut l’idée de sauver ses compagnons et de se sauver lui-même. Mais ça n’était pas facile. Après avoir beaucoup cherché, il trouva un moyen bizarre… et pas très propre…

Tante Lili ferma ses tout petits yeux et tortilla sa bouche, trop grande, en un rire.

— Ça valait mieux que la guillotine, dit-elle.