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le collier des jours

vouloir la prendre d’assaut, fut naturellement la scène reproduite qui m’intrigua le plus ; je cherchais le passage qui l’expliquait, mais ce n’était pas bien clair et je dus lire beaucoup tout autour.

Une autre image, dont la légende était : « Elle posa sa main sur la mienne et dit : Ô Klopstock ! » resta pour moi impénétrable. Le coup de pistolet m’inquiétait beaucoup et j’aurais bien voulu savoir ; je n’avais cependant pas le courage de lire toute l’histoire, vraiment bien compacte et ténébreuse. Je lisais d’un bout à l’autre, par exemple, les Contes de Charles Nodier, illustrés par le même artiste, et l’un d’eux surtout, peut-être parce qu’il se passe dans un couvent, me fit une impression très vive. C’est celui intitulé La Sacristine : une sœur, si pieuse, que la Vierge lui a accordé cette faveur miraculeuse : guérir les malades en les touchant. Un blessé, sauvé par elle ainsi, s’éprend de la jeune religieuse et la séduit, il veut l’enlever, et en pleurant, elle abandonne l’autel de la Vierge, qu’elle a toujours desservi avec tant de dévotion, se dérobe à ses malades, s’enfuit du couvent. Un an après, délaissée et repentante, elle revient, et elle croit rêver, en se voyant elle-même occupée à parer la chapelle. Personne ne connaît sa faute, personne ne sait qu’elle a fui ; pendant son ab-