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LIII




Je ne parlai qu’à ma chère Catherine, du chagrin terrible de sœur Anaïs, et très apitoyées, nous la suivions du regard. Nous remarquions que sa figure pâle se creusait, qu’elle maigrissait de jour en jour, et que ses yeux avaient quelquefois des éclats de colère effrayants. Nous cherchions à imaginer son histoire. Catherine croyait, sans doute d’après une aventure analogue qu’elle connaissait, que son père s’était remarié et qu’elle avait une belle-mère qui la détestait et l’enfermait au couvent, pour lui prendre sa fortune. En tous cas, ses parents étaient bien méchants et, une chose incroyable, jolie comme elle l’était, c’était qu’il n’y eût personne pour l’aimer et pour la défendre.

Elle venait rarement à la chapelle, et quand elle y paraissait, elle se tenait droite et immobile comme une statue et ne s’agenouillait ja-