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le collier des jours

vant, et plus réellement qu’à l’ordinaire. J’entendais sa voix, sa tousserie, le choc de sa canne sur le plancher, quand il s’impatientait de n’être pas assez vite obéi.

— Ces pauvres demoiselles sont bien affligées, reprit la messagère, que dois-je leur dire de votre part ?

— Dites-leur qu’il ne faut pas avoir de chagrin…

Je n’en avais pas assez, moi, et je me rendais compte que c’était très mal. Mais comment faire ?…

La sœur Sainte-Madeleine vint m’offrir ses consolations. Elle m’enleva le ruban vert de ma classe, qui seul rompait le deuil du costume, et elle me conduisit à la chapelle, pour me faire faire une prière.

Le soir, au dortoir, je confiais à Catherine, très apitoyée, que j’avais eu plus de chagrin quand ma chèvre blanche était morte, et que la mère Sainte-Trinité m’avait causé plus de regrets, en trépassant.

— Il ne faut pas dire des choses comme cela, me souffla Catherine, on croirait que tu as mauvais cœur.

On ne vint pas me chercher pour l’enterrement ; je ne sus rien, et je fus sans aucune nouvelle, jusqu’au jour où les tantes vinrent me voir, en grand deuil. C’était la première