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le collier des jours

J’allai passer le temps qui me restait, dans le jardin des religieuses, sous cette treille sur laquelle je m’étais si bien cachée le soir de mon arrivée.

J’échangeais maintenant, avec Catherine, toutes sortes de promesses. Elle me donnait l’adresse de son correspondant à Paris, rue des Jeûneurs. C’est là que je pourrais la voir, les jours de sortie. Mais moi, il m’était impossible de lui dire où elle me trouverait, et j’étais humiliée qu’on pût ainsi disposer de moi, sans moi. Où allait-on me conduire encore ? Était-ce à Montrouge ? Pourvu que ce ne fût pas chez ma grand’mère !…

À cinq heures, on m’appela. J’embrassai une dernière fois, et pour la dernière fois, ma chère Catherine…

C’étaient ma mère et ma sœur qui venaient me chercher. Elles paraissaient très pressées, et très contentes de m’emmener.

— Où est-ce que nous allons ? demandai-je, pendant que la voiture commençait à dégringoler péniblement la pente raide de la Montagne Sainte-Geneviève.

— Comment, où nous allons ? s’écria ma mère de sa voix sonore et grave, nous allons chez nous… et, maintenant, je l’espère bien, tu ne nous quitteras plus.