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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/242

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LVII




Ce n’était plus rue Rougemont, que mes parents habitaient, mais rue de la Grange-Batelière, un appartement plus vaste, au cinquième encore, avec une belle terrasse, qui prenait de l’air par-dessus les bâtiments de l’Hôtel Drouot.

Aussitôt arrivée, ce qui me séduisit le plus, ce fut le moelleux des fauteuils. Ceux du salon étaient cependant des meubles Louis XIV, assez rigides, entre leurs moulures dorées, mais ils repoussaient bien loin, dans le dédain et l’oubli, les bancs étroits et secs du couvent. J’allai m’asseoir, successivement, sur tous les sièges, en caressant du bout des doigts les fleurs satinées du damas pourpre.

Mon père rentra, très impatient de me voir.

— Elle est là ? demanda-t-il dès la porte.

Il vint s’asseoir dans le salon et me prit entre ses genoux.