Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/243

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— Je suis joliment content que cette affaire soit close, dit-il. Et toi, es-tu contente d’être ici ?

— Je ne sais pas encore.

— C’est vrai, tu ne nous connais guère et nous avons beaucoup à nous faire pardonner…

— Je te connais, lui dis-je, tu es un monsieur qui fait des histoires et des fables.

— Des fables !…

— J’en sais, veux-tu que j’en récite une ?

— Voyons ?…

Très sûre de ma mémoire, sans embarras, je me suis mis à réciter d’une petite voix monotone :

LE CHANT DU GRILLON


Souffle, bise ! tombe à flots, pluie
Dans mon palais tout noir de suie
Je ris de la pluie et du vent :
En attendant que l’hiver fuie,
Je reste au coin du feu, rêvant.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .


La bouilloire rit et babille ;
La flamme aux pieds d’argent sautille,
Et, accompagnant ma chanson,
La bûche de duvet s’habille ;
La sève bout dans le tison.

. . . . . . . . . . . . .