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le collier des jours

Pendant la nuit et la journée,
Je chante sous la cheminée ;
Dans mon langage de grillon
J’ai, des rebuts de son ainée,
Souvent consolé Cendrillon.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


— C’est mon pauvre cher père qui t’a appris cela, dit-il avec une tristesse dans les yeux. On dirait que tu mets une certaine malice à parler justement de Cendrillon… Eh bien, c’est moi qui te le promets, désormais, cher petit grillon, tu te chaufferas toujours les pattes à mon foyer.

Au dîner, je sus enfin pourquoi l’on m’avait retirée si brusquement du couvent. Mon père me l’expliqua tout simplement.

— Moi, je n’ai jamais été pour le couvent, dit-il, et voilà longtemps que cette affaire-là m’embêtait… Ta grand’mère et ta tante Carlotte s’imaginèrent de s’occuper de toi, de ton éducation, de ton avenir, toutes choses parfaitement inutiles, puisque je suis là. Mais ta mère ne voulait pas les contrarier, trouvait que cette intervention pouvait t’être très utile et j’eus la faiblesse de te reprendre à mon père et à mes sœurs, que cela peinait beaucoup, pour te laisser fourrer dans cette boite grillée. Mais il parait que cela ne suffisait pas : notre société est pernicieuse, notre contact dépravant