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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/245

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le collier des jours

et, pour qu’on parvienne à faire de toi une personne tout à fait édifiante, une vraie sainte, nous devions, ta mère et moi, renoncer à toi, nous engager à ne jamais te revoir, à te considérer comme orpheline. — Ça, c’est une idée de la mère Grisi, qui en a beaucoup de cette force. — Tu penses comment fut accueillie cette ingénieuse proposition ? Je me suis mis en fureur et j’ai envoyé promener ces aimables personnes, comme j’avais, d’ailleurs, envie de le faire depuis longtemps. Ta mère, par extraordinaire, m’a approuvé, et Monstre Vert n’est pas fâché d’avoir quelqu’un avec qui jouer.

La fin du dîner fut égayée par un incident.

Depuis quelques jours, une nouvelle femme de chambre était entrée. C’était une jeune Alsacienne, qui parlait à peine le français, et était placée pour la première fois. Elle avait une bonne figure fraîche, le nez retroussé, de jolis yeux noirs, et s’appelait Marianne.

Craignant de manquer de pain, on lui dit d’aller vite en chercher un. Elle partit en courant et, après un temps assez long, revint, mais sans rien rapporter.

— Eh bien, où est-il, ce pain ? demanda ma mère.

— On l’apporte tout de suite.

Nous finissions le dessert, quand un bruit de pas lourds, compliqué de chocs sonores, ar-