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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/79

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le collier des jours

C’était toujours une des tantes ; grand-père, qui souffrait d’un catarrhe, ne sortait pas le soir. Nous venions de bonne heure. La tante profitait de cette occasion pour faire des courses et des emplettes dans Paris et me laissait à la Tatitata, avec qui je passais la journée.

C’était dans le quartier de l’Odéon, rue de Condé, à ce qu’il me semble, ou rue de Tournon, une vieille maison à escalier de pierre et rampe ouvragée, le tout un peu gauchi et déjeté. Au premier étage il y avait deux portes, une en face, l’autre à droite. Celle en face, presque toujours ouverte, était celle de la cuisine, l’autre celle de l’appartement.

Tout de suite, en arrivant, je me précipitais dans la cuisine, pour prévenir la bonne et lui dire bonjour, puis je criais à la tante, restée au pied de l’escalier :

— Je suis arrivée, tu peux t’en aller !

Par la porte de droite, protégée par deux battants de drap vert, on entrait tout de suite dans la salle à manger, dallée de noir et de blanc. Un paravent déployé protégeait la table, à cause de la porte, qu’on ouvrait à chaque instant, sur l’escalier, pendant le service.

Je traversais le salon, en courant, et j’allais poliment frapper à la porte de la Tatitata.

— Ah ! voilà Ouragan ! disait-elle en posant sa broderie.