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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/81

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le collier des jours

blier à bavette, son large bonnet tuyauté, mettaient de la clarté dans l’escalier noir et me rassuraient un peu, car j’avais la terreur de l’obscurité et des caves ; mais c’était tout de même amusant et j’aimais presque avoir peur.

— Tu comprends, petite, disait M. B… quand on reçoit Théophile Gautier, ce n’est pas pour lui faire boire de la piquette.

Et il choisissait, dans différents coins, des bouteilles poudreuses, dont le panier s’emplissait.

J’étais la première à remonter, fière cependant d’avoir été si brave.

Enfin, mon père paraissait, accueilli par un murmure de bienvenue. Il m’enlevait du sol pour m’embrasser, me considérait quelques instants, puis me reposait doucement à terre et ne s’occupait plus guère de moi.

Je le connaissais fort peu, et une fois rendue à moi-même, je l’examinais avec beaucoup de curiosité, afin de découvrir ce qu’il avait de particulier, qui le rendait si admirable.

Je trouvais qu’il était bien habillé, qu’il avait la figure plus blanche et les cheveux plus luisants que tous les autres ; qu’il riait en penchant sa tête d’un côté, et que son monocle tombait toujours. Là, se bornaient mes découvertes, et le dîner, très excellent, absorbait bientôt toute mon attention.