Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/145

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Yu-Tchin obéit : les bonzes accoururent.

— Voici mes soldats, dit Ko-Li-Tsin. Avez-vous exécuté mes ordres ?

— Les fosses sont pleins d’eau, répondirent les prêtres ; les portes de fer sont bien closes, et chacun de nous est armé d’une hache et d’un sabre.

— Combien d’hommes êtes-vous ?

— Nous étions trente ; dix d’entre nous sont partis avec l’empereur.

— La victoire est impossible ; mais que la résistance soit longue. Toi, Yu-Tchin, monte sur la plus haute terrasse de la pagode et suis des yeux la fuite des lanternes qui accompagnent l’empereur. Quand tu le jugeras hors d’atteinte, tu viendras me prévenir.

Yu-Tchin, résignée, s’éloigna.

— Les soldats franchiront le fossé en un bond, continua Ko-Li-Tsin, pâle et s’appuyant au mur ; allez donc enlacer aux troncs des cèdres de traîtresses cordes habilement emmêlées, afin que nos ennemis s’y embarrassent les jambes et se prennent comme des mouches en des toiles d’araignées.

Un coup de marteau retentit sur la porte de bronze.

— Bien ! ils attaqueront d’abord la porte de l’Est. À votre besogne ! qu’un seul reste près de moi pour m’empêcher de tomber, et hâtez-vous pendant que je parlementerai avec les soldats.

Ko-Li-Tsin se fit porter devant la porte, qu’un second coup de marteau ébranla.

— Qui frappe ici après les heures prescrites ? Qui