Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/173

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comme l’attente oppresse mon cœur et fait trembler mes membres !

L’homme de bronze qui est assis au sommet du Portail Serein commença de frapper la dixième heure sur le gong.

Le prince devint pâle et se leva brusquement.

— Elle vient ! elle est à présent près des murailles ; dans un instant elle sera ici ; je vais mourir de joie. Il faut dix minutes pour venir des murailles à cette chambre. Oh ! longues minutes !

Elles s’écoulèrent. Le prince souriait.

— La voilà, disait-il.

Cinq minutes encore se passèrent.

— Elle marche lentement ; elle se repose de moment en moment, pendant qu’elle monte les degrés des terrasses.

Il écarta le store bleu de sa fenêtre et regarda.

L’eunuque revenait seul.

— Misérable ! cria le prince, que fais-tu là ?

— Elle ne vient pas, traça l’eunuque.

— Je te ferai mettre à la cangue ! elle est à la Porte du Sud, elle t’attend, chien, pendant que tu te promènes !

L’eunuque tourna les talons et se mit à courir vers les murailles.

Le prince attendit longtemps.

— Si elle ne venait pas ! se dit-il tout à coup.

Une douloureuse terreur l’envahit.

— Pourquoi ne viendrait-elle pas ? Pourquoi cette enfant voudrait-elle me faire mourir ?

La onzième heure retentit. Le prince Ling n’essaya