Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/279

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des remparts, postés sur les toits des maisons qui entourent la place et sur celles des rues qui s’en éloignent, commenceront alors un feu terrible, incessant et feront tomber une pluie continuelle de flèches : des dragons de bronze, placés devant chaque rue en trois rangs superposés, vomiront horriblement la mort. Assaillis de toutes parts, surpris, tombés dans un piège, les rebelles ne sauront de quel côté diriger leurs armes. Ils ne pourront envoyer leurs flèches qu’aux nuages, de peur de s’entre-tuer ; tandis que nos guerriers, dominant l’ennemi, protégés, cachés, viseront tout à leur aise, et pas un de leurs coups, dans cette foule compacte, ne manquera de frapper un homme. À la fin de la journée il ne restera plus un rebelle.

— Ce plan est audacieux, s’écria le Fils du Ciel mais c’est celui qu’il faut choisir, car la victoire serait éclatante ! Hâtons-nous de préparer les moyens d’exécution et d’élire les principaux chefs. Toi, tu commanderas au Nord, dit-il au mandarin qui venait de parler. Le Chef de l’Armée Chinoise se chargera d’ouvrir l’entrée orientale. Le Maître des arsenaux combattra les ennemis entrés par la porte de l’Ouest. Mais qui donc opposerai-je au chef des rebelles, campé devant le Portail du Sud ?

— Accordez-moi la faveur de lutter contre cet infâme, mon père, dit alors une voix faible et lente.

Le prince Ling, suivi d’un cortège d’honneur, venait d’entrer dans la Salle des Audiences. L’empereur leva les yeux vers lui et ne put retenir un cri de