Son front, sous ses cheveux obscurs, ressemble à la lune émergeant, de la nuit ;
Ses joues sont deux plaines couvertes de neige ; son nez est une colline de jade ;
Ses grands yeux aux cils luisants sont deux hirondelles d’été ;
Et ses dents sont un ruisseau clair qui coule entre deux rives où fleurissent des pivoines.
Comme Ko-Li-Tsin achevait d’improviser cet ingénieux poème, une conversation s’établit entre les deux personnes qu’il épiait.
— La dixième heure est passée, dit la maîtresse ; se serait-il méfié ?
La servante répondit :
— Cela se pourrait bien.
— Tu as ouvert la porte de la rue, n’est-ce pas ?
— Oui, oui, dès que le portier a été couché, j’ai entr’ouvert la porte.
— Ah ! quel dommage s’il ne venait pas !
— En effet, il serait si bien reçu !
Toutes deux se mirent à rire aux larmes ; Ko-Li-Tsin, sur son siège de porcelaine, se mit à rire aussi.
— N’as-tu rien entendu ?
— J’ai cru entendre un bruit de pas sur le sable des allées.
— Oh ! s’il venait, quel bonheur ! dit la maîtresse en battant des mains.