Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
Les Costumes Anciens

sont coiffés en hauts chignons comme ceux de leurs mamans.

Les visiteuses s’arrêtent surtout devant un Daïmio, ou seigneur, en costume de cour. Habillé de soies raides aux couleurs éclatantes, parsemées de roues d’or héraldiques, il a l’air d’une pyramide. Les pantalons s’allongent démesurément, bien au-delà des pieds qu’ils enferment, et forment traîne. Les manches plus longues encore, bordées par un cordon de soie qui, en se coulissant, fait ressembler la manche à un grand sac. D’autres manches sortent des premières, toutes de couleurs différentes et un même nombre de collets superposés, indiquent qu’il y a d’autres robes sous la première. Un grand sabre traverse ces étoffes, et une observation superficielle ferait croire qu’il a pour fourreau le ventre même du personnage. Une main exiguë tenant un éventail sort de la manche et nous édifie sur les véritables proportions du prince. La coiffure est curieuse : c’est une sorte de cylindre en soie noire et en drap d’or qui est fixée sous le menton par un galon d’or. Pour splendide et pittoresque que soit le costume, il paraît malaisé à porter.

Auprès de lui, une princesse en vêtements tout aussi compliqués, mais, s’il se peut, plus riches, aux couleurs plus chatoyantes encore, s’offre aux yeux. Son teint est d’une blancheur parfaite, animé seulement par une mignonne bouche purpurine ; les sourcils rasés remplacés par des sourcils peints en noir, tout au haut du front, pour allonger la figure ; les cheveux dénoués