Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/128

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les rênes de son attelage passées autour du corps ; avec quelques pesées à droite, à gauche ou en arrière, il dirigeait et arrêtait ses chevaux ; et c’était vraiment merveilleux de voir ces nobles bêtes, qui semblaient abandonnées à elles-mêmes, guidées par d’imperceptibles mouvements, conserver une imperturbable régularité d’allure.

Sur un de ces chars, l’élégant Ahmosis, le protégé de Nofré, dressait sa haute taille et promenait ses regards sur la foule, en cherchant à y découvrir Tahoser.

Le piétinement des chevaux, contenus à grand-peine, le tonnerre des roues garnies de bronze, le frisson métallique des armes donnaient à ce défilé quelque chose d’imposant et de formidable, fait pour jeter la terreur dans les âmes les plus intrépides. Les casques, les plumes, les boucliers, les corselets papelonnés d’écailles vertes, rouges et jaunes, les arcs dorés, les glaives d’airain reluisaient et flamboyaient terriblement au soleil ouvert dans le ciel, au-dessus de la chaîne libyque, comme un grand œil osirien, et l’on sentait que le choc d’une pareille armée devait balayer les nations comme l’ouragan chasse devant lui une paille légère.

Sous ces roues innombrables, la terre réson-