couvert venant du Nil, portaient chacune une petite barque pour faciliter au maître de la maison le plaisir de la pêche : car des poissons de formes diverses et de couleurs brillantes se jouaient dans leur eau limpide à travers les tiges et les larges feuilles de lotus. Des masses de végétation luxuriante entouraient ces pièces d’eau et se renversaient dans leur vert miroir.
Près de chaque bassin s’élevait un kiosque formé de colonnettes supportant un toit léger et entouré d’un balcon à claire-voie, où l’on pouvait jouir de la vue des eaux et respirer la fraîcheur du matin et du soir, à demi couché sur des sièges rustiques de bois et de jonc.
Ce jardin, éclairé par le soleil naissant, avait un aspect de gaieté, de repos et de bonheur. Le vert des arbres était si vivace, les nuances des fleurs si éclatantes, l’air et la lumière baignaient si joyeusement la vaste enceinte de souffles et de rayons ; le contraste de cette riche verdure avec la blancheur décharnée et l’aridité crayeuse de la chaîne libyque, qu’on apercevait par-dessus les murs déchiquetant de sa crête la teinte bleue du ciel, était tellement tranché qu’on se sentait le désir de s’arrêter là et d’y planter sa tente. On eût dit un nid fait tout à souhait pour un bonheur rêvé.