Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/159

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pour voir qu’il n’appartenait point à la race autochtone de la vallée du Nil. Ce n’était pas assurément un Rot-en-ne-rôme ; son nez aquilin et mince, ses joues aplanies, ses lèvres sérieuses et d’un dessin serré, l’ovale parfait de sa figure différaient essentiellement du nez africain, des pommettes saillantes, de la bouche épaisse, et du masque large que présentent habituellement les Égyptiens. La coloration, non plus, n’était pas la même ; la teinte de cuivre rouge était remplacée par une pâleur olivâtre, que nuançait imperceptiblement de rose un sang riche et pur ; les yeux, au lieu de rouler entre leurs lignes d’antimoine une prunelle de jais, étaient d’un bleu sombre comme le ciel de la nuit ; les cheveux, plus soyeux et plus doux, se crêpaient en ondulations moins rebelles ; les épaules n’offraient pas cette ligne transversalement rigide que répètent, comme signe caractéristique de la race, les statues des temples et les fresques des tombeaux.

Toutes ces étrangetés composaient une beauté rare, à laquelle la fille de Pétamounoph n’avait pu rester insensible. Depuis le jour où, par hasard, Poëri lui était apparu, accoudé à la galerie du pavillon, sa place favorite, lorsque les travaux de la ferme ne l’occupaient plus, bien des fois elle était