Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/197

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Des grammates inscrivaient le nombre des têtes de bétail sur des tablettes.

Aux bœufs succédèrent des ânes trottinant et ruant sous le bâton d’âniers à tête rase et vêtus d’une simple ceinture de toile, dont le bout retombait entre leurs cuisses ; ils défilaient, secouant leurs longues oreilles, martelant la terre de leurs petits sabots durs.

Les âniers firent la même génuflexion que les bouviers, et les grammates marquèrent aussi le chiffre exact de leurs bêtes.

Ce fut ensuite le tour des chèvres : elles arrivaient précédées de leurs boucs et faisant trembler de plaisir leur voix cassée et grêle ; les chevriers avaient grand-peine à contenir leur pétulance et à ramener au gros de l’armée les maraudeuses qui s’écartaient. Elles furent comptées comme les bœufs et les ânes, et, avec le même cérémonial, les bergers se prosternèrent aux pieds de Poëri.

Le cortège était fermé par des oies, qui, fatiguées, de la route, se dandinaient sur leurs larges pattes, battaient bruyamment des ailes, allongeaient leur col et poussaient des piaillements rauques ; leur nombre fut inscrit, et les tablettes remises à l’inspecteur du domaine.

Longtemps après que bœufs, ânes, chèvres, oies,