Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Où le maître peut-il aller ainsi chaque soir ? dit une petite fille à l’air malicieux, en épluchant une grenade avec de jolis mouvements de singe.

— Le maître va où il veut, répondit une grande esclave qui mâchait des pétales de fleur ; ne faut-il pas qu’il te rende des comptes ? Ce n’est pas toi, en tout cas, qui le retiendras ici.

— Aussi bien moi qu’une autre », répondit l’enfant piquée.

La grande fille haussa les épaules.

« Hora elle-même, qui est plus blanche et plus belle que nous toutes, n’y parviendrait pas. Quoiqu’il porte un nom égyptien et soit au service du Pharaon, il appartient à cette race barbare d’Israël ; et, s’il sort la nuit, c’est sans doute pour assister aux sacrifices d’enfants que célèbrent les Hébreux dans les endroits déserts où la chouette piaule, où l’hyène glapit, où la vipère siffle. »

Tahoser quitta doucement la chambre sans rien dire, et se tapit dans le jardin derrière une touffe de mimosa ; et, au bout de deux heures d’attente, elle vit Poëri sortir dans la campagne.

Légère et silencieuse comme une ombre, elle se mit à le suivre.