Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

che comme d’un bouquet de fleurs ou d’une boîte d’aromates, lui était devenu odieux, intolérable ; il semblait leur en vouloir de les avoir aimées, et ne plus comprendre comment il s’était épris de charmes si vulgaires. Lorsque Twéa lui posait sur la poitrine les doigts effilés et roses de sa petite main tremblante d’émotion, comme pour faire renaître le souvenir d’une familiarité ancienne, que Hont-Reché poussait devant lui l’échiquier supporté par deux lions adossés, afin d’engager une partie ou qu’Amensé lui présentait une fleur de lotus avec une grâce respectueuse et suppliante, il se retenait à peine de les frapper de son sceptre, et ses yeux d’épervier lançaient de tels éclairs de dédain que les pauvres femmes qui s’étaient risquées à ces hardiesses se retiraient interdites, les paupières moites de larmes, et s’appuyaient silencieusement à la muraille peinte, tâchant de se confondre par leur immobilité avec les figures des fresques.

Pour éviter ces scènes de pleurs et de violence, il s’était retiré au palais de Thèbes, seul, taciturne et farouche ; et là, au lieu de rester assis sur son trône, dans l’attitude solennelle des dieux et des rois qui, pouvant tout, ne remuent pas et ne font pas de gestes, il se promenait