Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/238

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Cette surprise alla au cœur de Ra’hel : elle se plaça devant Poëri pour lire de plus près la vérité dans ses yeux, lui mit les mains sur les épaules, et, le pénétrant du regard, lui dit d’une voix sèche et brève, contrastant avec sa parole douce d’ordinaire comme un roucoulement de tourterelle :

« Tu la connais donc ? »

La figure de Thamar s’était contractée en une grimace de satisfaction ; elle était fière de sa perspicacité, et presque contente de voir ses soupçons à l’endroit de l’étrangère en partie réalisés.

« Oui », répondit simplement Poëri.

Les yeux de charbon de la servante pétillèrent de curiosité maligne.

La figure de Ra’hel reprit son expression de sécurité ; elle ne doutait plus de son amant.

Poëri lui raconta qu’une jeune fille, se donnant le nom d’Hora, s’était présentée chez lui en suppliante, qu’il l’avait accueillie comme on doit le faire de tout hôte ; que, le lendemain, elle manquait parmi les servantes, et qu’il ne pouvait s’expliquer comment elle se retrouvait là ; il ajouta aussi que des émissaires de Pharaon cherchaient partout Tahoser, la fille du grand prêtre Pétamounoph, disparue de son palais.