Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/275

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n’était qu’un fantôme animé par l’enfer ?

— Assurément, répondit Thamar ; est-il vraisemblable que la fille du grand prêtre Pétamounoph se soit éprise de Poëri, et l’ait préféré à Pharaon, qu’on prétend amoureux d’elle ? »

Ra’hel, qui ne mettait personne au monde au-dessus de Poëri, ne trouvait pas la chose si invraisemblable.

« Si elle l’aimait autant qu’elle le disait, pourquoi s’est elle sauvée lorsque, avec ton consentement, il l’admettait comme seconde épouse ? C’est la condition de renoncer aux faux dieux et d’adorer Jéhovah qui a mis en fuite ce diable déguisé.

— En tout cas, dit Ra’hel, ce démon avait la voix bien douce et les yeux bien tendres. »

Au fond Ra’hel n’était peut-être pas très mécontente de la disparition de Tahoser. Elle gardait tout entier le cœur dont elle avait bien voulu céder la moitié, et la gloire du sacrifice lui restait.

Sous prétexte d’aller aux provisions, Thamar sortit et se dirigea vers le palais du roi, dont sa cupidité n’avait pas oublié la promesse ; elle s’était munie d’un grand sac de toile grise pour le remplir d’or.