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le second rang du collier

Cette conclusion surtout amusait Flaubert. Avec quel bon rire, qui secouait drôlement sa vaste poitrine et faisait se voiler dans leurs longs cils ses beaux yeux bleus, il achevait son récit !

Louis Bouilhet, que l’on appelait toujours « monseigneur », était un homme doux et charmant, qui admirait passionnément son grand Flaubert, le conseillait, et le soutenait pendant la terrible gestation des œuvres. Il m’était très sympathique et causait beaucoup avec moi, parce qu’il s’intéressait spécialement à l’écriture chinoise. Il voulait savoir comment les caractères étaient composés, afin de les décomposer pour en donner le sens mystique. Par exemple : femme et fils, en se réunissant, forment un troisième signe signifiant — amour ; Bouilhet disait : « l’amour fils de la femme ». Cœur et porte ensemble veulent dire — tristesse ; il traduisait : « le cœur captif ». — Trois, — homme, — soleil, combinés ensemble, signifient — printemps : — c’était « trois hommes en marche vers la lumière ». Je pense qu’il avait le désir de réunir en un petit recueil un certain nombre d’exemples pareils à ceux-ci.

Maxime du Camp, mon très affectueux parrain, contrastait avec ces deux beaux Normands, blonds, robustes, exubérants et sans façon : il était brun comme un Arabe, mince, sec, réservé et d’une correction élégante.

Ernest Feydeau semblait l’homme le plus heu-