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LE COLLIER DES JOURS

cieux que je publiai sur elle, je ne sais plus dans quels journaux, je n’en retrouve en ma tête que de confus souvenirs. J’ai retenu pourtant le nom d’un peintre, peut-être oublié aujourd’hui, qui débutait alors et autour duquel on fit grand bruit : Gabriel Max, et j’ai gardé aussi la vision de sa gracieuse martyre qui, toute blanche et morte, semblait dormir si voluptueusement sur la croix.

En revanche, une visite à la Pinacothèque m’a causé une impression ineffaçable. La collection des Rubens surtout me sembla superbe ; l’artiste triomphe ici dans toute sa gloire charnelle, il est rutilant, éblouissant.

Et quel goût parfait dans la disposition des toiles ! quel classement rationnel ! Autant que possible, chaque salle renferme uniquement les œuvres d’un même maître, espacées sur des fonds d’une couleur propice et sous un jour favorablement ménagé. L’intensité d’effet est de la sorte doublée : on subit le charme du peintre dans toute sa puissance et le contraste d’un maître à un autre est saisissant. Ainsi, dans la salle des Van Dyck, lorsqu’on y entre après avoir regardé les parois ensoleillées de la salle des Rubens, la tonalité donne l’impression de