n’ai fait aucune avance, et voici qu’elles le rejoignent, le supplient de jouer quelque chose, le harcèlent pour qu’il se mette au piano. Il ne cède pas, les repousse assez rudement et déclare que c’est madame Muchanoff qui doit jouer, qu’il a lui-même trop de plaisir à l’entendre pour s’asseoir devant le clavier quand elle est là.
La comtesse se lève, nonchalante et dédaigneuse ; elle ôte ses gants, lentement, et son sourire dit assez que c’est pour
épargner une corvée à Liszt qu’elle se dévoue, et qu’elle
s’amuse, autant qu’elle se moque, de la rage jalouse de toutes
celles qui vont être forcées de l’applaudir.
L’ivoire, où ses mains ont des ailes,
Et, comme des papillons blancs,
Sur la pointe des notes frêles
Suspendent, leurs baisers tremblants…
Ces vers se mêlent, pour moi, aux phrases du nocturne que la comtesse exécute. Elle a certainement du talent ; mais il me semble que dans son jeu elle exagère la fantaisie, l’abandon, le rubato enfin.
Voici que, pour aller au buffet, Liszt vient