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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/200

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LE COLLIER DES JOURS

cher, en toilette de ville et coiffées de chapeaux de paille, mais on les distingue peu ; sans troubler notre vision, elles prêtent leurs voix limpides et fraîches aux figures que le poète a créées.

Maintenant, des profondeurs obscures du fleuve, dans un rythme lourd et heurté, se hausse un étrange nain, aux cheveux blancs, à la longue barbe pâle réunie en une tresse ; il grimpe le long des écueils visqueux. La musique s’efforce avec lui et il se plaint de l’assaut pénible, en allitérant ses mots :

Roche lisse, gluante, glissante, je glisse !…


Son regard avide suit les ondines dans leur jeu charmant, et, incapable de les atteindre, il leur crie :

Hé ! hé ! nixes gracieuses, race enviable !
De la nuit du Nibelheim, je monterais volontiers vers vous,
Si vous vous penchiez vers moi…


Les filles du Rhin, effayées, se réunissent autour du rocher :

— Gardons l’or !
Le père nous a mises en méfiance de cet ennemi.