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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

valise ; puis Wagner paraît, suivi de Scheffer.

Le Maître a une mine parfaite et la sérénité de son humeur semble s’être encore accrue depuis hier.

En route, je le complimente sur la force d’âme qui le soutient en cette épreuve, sur cette magnanime résignation ou, peut-être, ce mépris olympien.

— Ni l’un ni l’autre ! dit-il. J’ai trouvé ma force dans le sentiment que rien d’essentiel, en ce qui me touche le plus, n’était offensé par ce conflit. Mon œuvre, d’après l’impression qu’elle a produite sur vous tous qui me comprenez si intimement, est bien telle que je la voulais, et elle s’envole, intacte, hors des oripeaux mal taillés dont on l’affuble. Il y a encore autre chose : c’est que la malignité humaine ne peut plus m’atteindre profondément à travers les grands dévouements et les chaudes affections qui m’entourent. Cette certitude m’a réconforté. Vous voyez ce qu’ici, au départ, je laisse d’amis. Vous savez aussi avec quelle tendresse anxieuse on m’attend à l’arrivée !… Vraiment, quand je pense au désespoir dans lequel j’étais plongé, en des circonstances pareilles, alors que j’étais seul à porter ma peine, je me sens même dans