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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/111

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tions puissantes escaladaient les côtes, les arbres ayant leurs cimes au niveau des racines de ceux qui les précédaient. Il y avait des cyprès et des pins, des chênes et des genévriers au bois incorruptible. Sur les plateaux apparaissait la merveille du Liban : les cèdres plusieurs fois séculaires. De leurs larges bras, chargés de draperies sombres, ils semblaient bénir toute la contrée.

Des villages d’un blanc éclatant se montraient suspendus au-dessus des abîmes ; ils s’accrochaient aux parois des rochers, à des hauteurs invraisemblables. Quelques-uns se faisaient face et ainsi étaient tout proches dans l’air, si bien que leurs habitants pouvaient se parler en haussant un peu le ton, tandis que, pour aller de l’un à l’autre, il fallait faire plus de quatre lieues en descendant et en remontant les sentiers.

Sur les moins hautes des collines prospéraient les mûriers et les oliviers au feuillage cendré ; plus bas encore, les palmiers, les dattiers et aussi les bananiers, ces « arbres du paradis ». Dans les vallées, où l’argent des rivières luisait, les champs cultivés se déployaient comme de riches tapis de couleurs diverses. Le jaune des blés s’arrêtait net où commençait le vert tendre d’un champ