Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/146

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Des cris d’indignation s’élevèrent de tous côtés :

— Égorger un ambassader portant sauf-conduit du roi !

— Un chrétien !

— Notre parole tournée en dérision !

— Vraiment, les seigneurs du Temple nous déshonorent ! dit l’archidiacre Guillaume.

— Leur insolence n’a plus de bornes ! s’écria le roi. Ne dirait-on pas qu’ils sont sûrs de l’impunité ? Oublient-ils donc que c’est moi qui fis pendre douze d’entre eux, comme de simples manants, quand ils rendirent à l’ennemi la forteresse de Tyr ? Par la Sacrée-Hostie ! Je leur rafraîchirai la mémoire !…

Le messager, impassible, attendait.

— Pardonne à ma surprise et à ma colère, continua Amaury, en s’efforçant de se calmer. Dis à ton maître que je suis honteux et navré jusqu’à l’âme de ce que je viens d’apprendre. Il m’avait bien jugé en pensant que je l’ignorais et il peut me plaindre, en effet, de la façon dont on trahit mon autorité royale. Quelle réparation exige-t-il ? Je n’aurai pas de repos qu’elle ne lui soit donnée.

— Notre Seigneur Raschid ed-Din, — sa bénédiction soit sur nous ! — eu égard au sang des tiens