Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Urbain ! Il est mort ?…

— Non, certes : entendez comme il ronfle.

— Comment se peut-il qu’il soit là ?

— Son retour est aussi mystérieux que son départ… Eh ! l’ami !

Hugues le secoua.

Urbain ne s’éveilla pas, mais se mit à parler, d’une voix brève, comme s’il rêvait :

— « Que la musique joue, maintenant, très doucement et que les danseuses s’éloignent. Je ne veux près de moi que les princesses qui m’éventeront avec leurs cheveux. »

— Que dit-il là ?

— Par la Sainte-Messe ! il a de beaux rêves !

Et Raymond, riant d’un large rire, les mains sur les cuisses, se penchait pour mieux entendre.

— « Vraiment, damoiselles, vous êtes exquises. Vos parfums me mettent la tête à l’envers, et vos charmes me transportent. Par Allah ! je suis un homme heureux. ».

— Il blasphème ! s’écria Hugues.

— Éveillons-le. Il va se damner en dormant.

Urbain se débattait, violemment secoué.

— « À moi les phalanges célestes ! cria-t-il. Défendez-moi ! Le diable est entré ici… »