Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/152

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— Eh ! coquin ! Est-ce ainsi que l’on traite son seigneur ?

Et Hugues lui donna sur la tête une tape qui l’éveilla net.

— Mon seigneur !… balbutia-t-il. Comment ?… Où suis-je ?

— Tu t’éveilles enfin ! dit Raymond. Raconte un peu d’où tu viens.

Des écuyers, attirés par cette scène, s’étaient approchés et, curieusement, regardaient.

Urbain disait d’un air égaré :

— Moi ! je suis mort… J’étais au ciel.

— Ah ! ah ! il est fou, le pauvre sire.

— Fou ! non pas, s’écria Urbain, en se levant. Que se passe-t-il ?… Où sont mes habits d’or et de soie ? Où sont mes pierreries ? Et les princesses ?… Disparues !… Voici bien mon maître… Voici des rochers, des arbres !… Ah ! quel malheur ! Je suis vivant ! J’aurai donc rêvé ?…

— Explique-toi, voyons ! Tu nous lasses, dit Hugues.

Et le comte de Tripoli, s’asseyant sur l’herbe, ajouta :

— Narre un peu ton aventure.

Urbain, l’air égaré, cherchait à rassembler