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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/168

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la cause misérable de ce tourment, indigne de moi, c’était pour mieux l’étouffer dans son germe.

— Mais tu es malade ! tes mains brûlent ! s’écria Dabboûs.

— J’ai la fièvre, n’est-ce pas ? c’est une maladie, une démence ! Eh bien, guéris-moi si tu le peux, et ris de l’orgueilleux prophète : Pour la première fois, il est vaincu et c’est une femme qui triomphe de lui.

Alors Dabboûs, rassuré, prononça avec un dédain suprême :

— L’amour ?

— L’amour ! répéta Raschid gravement.

Mais le Vieillard souriait.

— Gazileh, n’est-ce pas ?

— Gazileh ! ce nom sur mes lèvres est une liqueur divine qui suffit à m’enivrer.

— L’ardeur de ta jeunesse et l’austérité de ta vie excusent cette griserie passagère… Mais je ne comprends pas le tourment. La jolie princesse est en ton pouvoir. Ce sera une beauté de plus dans ton harem, déjà peuplé de houris.

— Non, non, jamais ! Je serais perdu ! La seule pensée qu’elle pourrait être à moi, me donne un