Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/193

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ceux qui sont décidés à jurer fidélité à Raschid ed-Din ne quittent pas la ville et reviennent ici, cette nuit même : je me charge de leur gagner le paradis.

Et, sans attendre de réponse, il s’éloigna.

Écuyers et sergents se dispersèrent, la tête basse, sans oser s’entre-regarder.

Dès l’aube, un matin, des hérauts vinrent annoncer au roi Amaury que le prince des Montagnes, redoutant pour son hôte l’ennui de l’inaction, avait donné l’ordre d’organiser une chasse, dans les forêts voisines, et qu’elle serait dirigée par le très illustre émir de Schaïzar, Ousama, fils de Mourschid, un puissant seigneur des environs, pour le moment en paix avec Raschid ed-Din et qui était venu lui rendre visite.

Cette nouvelle fut accueillie par des acclamations joyeuses. Le roi fit répondre qu’il remerciait le prince des Montagnes et acceptait avec plaisir.

Presque aussitôt le pont-levis s’abaissa, la porte du château s’ouvrit toute grande, et, sur le noir profond de la voûte, apparut toute une foule de jeunes piqueurs, dont les costumes aux vives nuances chatoyèrent comme les fleurs d’un bou-