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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/194

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quet. Ils s’élancèrent sur le pont, avec impétuosité, entraînés par les bonds de superbes lévriers blancs, aux colliers brodés de pierreries, qu’ils retenaient par des chaînes d’or. Une compagnie de fauconniers, vêtus à la persane, sortit ensuite, tenant sur le poing les gerfauts, les faucons, et les sacrés qui s’attaquent aux lièvres et aux outardes. Ils furent suivis par quarante cavaliers munis d’épieux, de haches, d’arcs et de filets et par de nombreux esclaves nègres, en tuniques rouges, qui tenaient par couples des chiens turcomans, à la peau bleue, grands comme des tigres, et aussi des guépards dressés à la chasse.

Dès qu’ils eurent franchis le pont, les cavaliers poussèrent, d’une seule voix, un cri aigu, strident, vibrant et se lancèrent sur la pente verte de la colline dans une course folle ; tournoyant, voltant, galopant, avec une légèreté et une prestesse qui émerveillèrent les Francs, dont les grands et vigoureux chevaux n’avaient pas cette agilité ; puis, tous ensemble, brusquement, les Arabes s’arrêtèrent, se turent et présentèrent une seule rangée parfaite de cavaliers immobiles. Une longue acclamation accueillit cette prouesse.

Amaury lança son cheval et s’avança jusqu’à