Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/196

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« Qu’est la magie babylonienne comparée aux enchantements des yeux d’Ousama ?… »

Toutes les châtelaines venues du voisinage s’étaient jointes aux trois dames qui, seules, avaient accompagné le roi dans son voyage, et, bien campées à cheval, le faucon sur le poing, elles formaient un charmant groupe avec leurs voiles de toutes les couleurs, disposés, sous de légères couronnes, de façon à garantir du soleil les frais et jolis visages.

On laissa les piqueurs et les pages prendre de l’avance et on se mit en marche, dans un joyeux désordre, au son des trompettes d’ivoire.

Tout de suite, pour des oiseaux sans importance, on décapuchonna des faucons, et, un lièvre ayant dévalé, plusieurs chevaliers, éperonnant leurs chevaux, se jetèrent, comme des fous, à sa poursuite.

— Laissez ! laissez ! cela n’est rien, criait le vieil émir, qui aimait ordonner une chasse avec autant de soin qu’une bataille.

Mais il haussa les épaules d’un air résigné, comprenant qu’il ne fallait pas chercher à discipliner les Francs, qu’à la chasse, aussi bien qu’à la guerre, ils allaient toujours chacun selon sa