Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/198

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d’adversaires, lesquels s’étaient réfugiés dans des cavernes inaccessibles. On n’y pouvait accéder qu’à l’aide de cordes suspendues aux cimes. Ce satan parmi vos cavaliers se fit construire une caisse de bois qu’on attacha par des chaînes de fer. Il s’y installa, avec son arc et ses flèches, et se fit descendre au niveau des cavernes. Et là, tout à son aise, il massacrait si bien les malheureux, entassés dans ces grottes, qu’ils se rendirent à merci. Il y a bien longtemps de cela : c’était au temps où le prince d’Antioche, Tancrède, nous faisait la guerre.

— Vous avez connu Tancrède ? s’écrièrent les dames, en se rapprochant, curieuses.

Se pressant autour de lui, elles écoutaient les anecdotes, que le noble vieillard, si riche en souvenirs, contait volontiers, et par courtoisie, elles se retenaient de rire à la façon dont il parlait la langue franque, requérant à chaque moment l’aide de l’interprète, impassible, qui le suivait. Puis elles l’interrogèrent sur le Vieux de la Montagne, sur les splendeurs de son château et les mystères de sa puissance.

— C’est un prince tout à fait au-dessus des hommes, disait Ousama. Par la supériorité de