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Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/199

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son savoir, il a confondu tous les savants de l’Orient, venus pour lutter avec lui. Il est juste et généreux, terrible seulement à ses ennemis, inaccessible aux passions, on assure que l’eau ne peut refléter son image, et, vraiment, la force de sa volonté est telle qu’elle fait des miracles.

— Des miracles ! Lui en avez-vous vu faire ?

— J’ai vu des choses singulières, dit l’émir. Une fois ceci : Auprès du trône de Raschid, sur un plat d’or, une tête baignait dans son sang. Le Grand Maître, devant les frères, stupéfaits, lui parlait : « Veux-tu revenir sur la terre ou préfères-tu rester au paradis ? » Et la tête, ouvrant des yeux très brillants, répondit : « Qu’ai-je besoin de revenir au monde après avoir vu mes pavillons au paradis, et les houris, et tout ce que Dieu m’a préparé ? Saluez ma famille, camarades, et gardez-vous de désobéir à ce prophète… »

Un autre jour, je chevauchais avec le seigneur des Montagnes dans les environs de Kahf. Un vagabond s’approcha qui faisait danser un singe. Raschid dit à quelqu’un de son entourage : « Prends ce dinar et donne-le à ce singe. » Le singe retourna en tous sens la pièce d’or, la regarda avec une attention extraordinaire et, soudain,