Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/210

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ce que son ambassadeur ne lui redira que dans quelques jours, et lui dévoiler aussi la félonie et le mensonge du Grand Maître ; mais qu’il ne soit pas parlé de la trahison possible que le seigneur Milon complote avec le Templier : nous savons encore trop peu de chose sur ce sujet.

— J’entends, dit le chambellan, en introduisant un autre frère. Celui-ci, ajouta-t-il, dit avoir des révélations importantes à te faire. Il ne vient pas de loin : blessé à la dernière bataille contre les Francs, il a été soigné et guéri par eux.

Et Dabboûs s’éloigna pour faire exécuter l’ordre du maître.

L’homme était prosterné et baisait les pieds de Raschid.

— Je t’écoute, dit celui-ci.

— Ô prophète de Dieu ! dit l’Arabe, combattant pour ton service, l’heure de la récompense semblait sonner pour moi, car, criblé de blessures, étouffé sous un tas de morts, je croyais que j’allais retrouver enfin les joies du paradis, que tu as entr’ouvert pour moi. Mais, par la volonté de Dieu, malgré mon agonie, je dus voir et entendre encore, être témoin d’une scène qui intéressait son prophète.